Question santé, elles ne valent guère mieux

Après la cigarette électronique, la Similar part à la conquète des fumeurs. Mais aux yeux des tabacologues, les fausses cigarettes ne sont pas plus d’utilité que les vraies …

Avec “autopsie d’un meurtrier”- cf. photo ci dessous – (la vraie cigarette contient 4000 composés toxiques), la ligue nationale française conte le cancer fait une campagne percutante contre le tabac. Livrée à une analyse sans concession, la cigarette se révèle bien pitoyable : “lors de sa combustion, la cigarette produit une fumée qui contient environ 4.000 substances toxiques (dont au moins 50 cancérigènes). Sur les paquets, seuls goudron et nicotine sont indiqués. Certains composés proviennent de l’environnement (pesticides, produits radioactifs), d’autres composés sont ajoutés, comme l’ammoniac qui favorise la fixation de la nicotine et la dépendance”.

L’OMS CONTRE LES FACTICES

Oups ! De quoi donner envie de se ruer sur les substituts… Or à côté des classiques patchs et gommes à mâcher, la nicotine factice fait désormais son apparition sous la forme de cigarettes. De “fausses” cigarettes, qui ne réjouissent pas plus l’OMS (Organisation mondiale de la santé) que les vraies. L’OMS a d’ailleurs demandé officiellement que la “cigarette éléctronique” – l’un de ces factices – ne soit pas associée à la notion de “sevrage tabagique”. Ironie, une de ces cigarettes s’appelle … E-health ! “On n’est pas sûr que ce soit sans danger. Ca n’est d’aucune utilité, je n’y vois pas d’intérêt”, souligne Luk Joossens, tabacologue. Avec le renforcement de la lutte contre le tabagisme dans nos pays industrialisés, “on peut s’attendre à plein d’inventions de ce genre de l’industrie du tabac, dans les années qui viennent”, ajoute-t-il.

CA RESTE UNE CIGARETTE …

L’OMS s’interroge à présent sur “Smokeless”, une autre fausse cigarette sans fumée mais avec nicotine (0,8 mg, comme dans les “vraies”). Elle est vendue sur internet, ainsi que sur les vols de Ryanair, et devrait, “débarquer bientôt en Belgique”, assure la firme Similarshop qui les commercialise. Dépourvue de combustion, elle peut en effet être “fumée” en vol pour calmer les nerfs des fumeurs. “Si on a beson de nicotine, il y a les patchs et les chewing-gums”, réagit perplexe, Luk Joossens. Electronique (fausse combustion sous forme de vapeur) ou carrément sans fumée, l’ersatz de cigarette entretient le vice : la nicotine (pas forcément dans l’électronique) et la gestuelle – qui fait partie intégrane de la dépendance du fumeur – n’aident pas à s’en débarasser. A la main, ces cigarettes sont un peu lourdes, plus lisses. On les “fume” par petites bouffées. Le goût rappelle celui du tabac, selon l’arôme choisi. Les Smokeless sont très aromatiques. Et puis il y a le prix, pas donné : 50-60 € l’électronique avec dix filtres (un filtre = 1 paquet de 20 vraies cigarettes, soit +/- 200 bouffées) et 5,5 € le paquet de 10 “Smokeless”. Autant d’argent qu’on ne peut pas mettre de côté pour se “récompenser” de ne plus (vraiment) fumer. CV

“La Province – le 9 octobre 2009”